Galerie Collection
Ateliers d’Art de France
Notre rencontre avec Anne-Laure Roussille
La galerie Collection d’Ateliers d’Art de France participe pour la troisième édition aux Jeudis Arty. Installée en face du Musée Picasso, elle se distingue par la valorisation des métiers d’art.
Nous avons rencontré Anne-Laure Roussille, responsable de la galerie, pour en savoir plus sur ce projet et sur le rôle des métiers d’art sur la scène artistique actuelle.
Depuis combien de temps la galerie Collection existe-t-elle et quelle est sa cible principale ?
La galerie Collection a ouvert en septembre 2006, rue de Thorigny, en face du Musée Picasso, dans le très vivant 3e arrondissement parisien. Elle présente des pièces uniques contemporaines, réalisées par des artistes de la matière, installés en France, aux univers artistiques et savoir-faire divers.
Qu’est-ce qu’Ateliers d’Art de France et comment son activité se développe-t-elle au sein de la galerie ?
Ateliers d’Art de France est un syndicat professionnel qui fédère 6000 artisans d’art. Il a pour mission la valorisation, la représentation, la défense et le développement économique des ateliers d’art. C’est en ce sens qu’Ateliers d’Art de France a constitué un véritable réseau de vente, composé de 4 boutiques métiers d’art (dont le concept store EMPREINTES et TALENTS à Paris mais aussi en région Languedoc Roussillon avec La Nef à Montpellier et la Maison des Métiers d’Art de Pézenas), la galerie Collection mais aussi une marketplace qui permet la vente en ligne des pièces.
A travers sa programmation annuelle, la Galerie Collection accompagne et positionne une vingtaine de créateurs par an sur le marché de l’art français et à l’international, permettant ainsi la rencontre entre création métiers d’art et collectionneurs et amateurs d’art exigeants.
En parallèle, Ateliers d’Art de France développe une politique d’acquisition au sein de la galerie, de manière à ce que les pièces acquises puissent être prêtées et envahir d’autres circuits culturels (musées, collections privées, etc.)
Tous les créateurs que vous exposez font donc partie d’Ateliers d’Art de France ?
Oui, tous les artistes présentés à la galerie sont adhérents du syndicat. Les œuvres exposées sont toutes des pièces uniques qui nécessitent un apport artistique et portent l’empreinte de leur créateur. Ateliers d’art de France veille d’ailleurs au respect des critères essentiels propres aux métiers d’art lors de la mise en œuvre de ces pièces : la maîtrise de gestes, de techniques et de savoir-faire complexes en vue de la transformation de la matière.
La galerie Collection est également à l’initiative de partenariats avec des organismes étrangers, actuellement la Sokyo Gallery, basée au Japon. Ponctuellement, dans le cadre de ces échanges, nous présentons donc des pièces de créateurs étrangers.
Parlez-nous de votre programmation : rythme d’expositions, thèmes, sélection.
Depuis l’automne dernier, un nouveau dispositif d’accompagnement et de vente est en place à Collection. La galerie accompagne dorénavant une vingtaine d’artistes de la matière par an, mettant en scène leurs œuvres en son sein à travers plusieurs expositions collectives et à l’occasion de la participation à des foires et des salons à l’étranger (Collect Londres ou Tokyo Art Fair).
Les expositions à la galerie Collection présentent par rotation 8 à 10 artistes, parmi les 20 sélectionnés, tous les deux mois, metttant en exergue une diversité des pièces aux matières variées et aux lignes contemporaines.
Pouvez-vous nous donner quelques anticipations sur ce que les visiteurs pourront découvrir lors des Jeudis Arty le 14 juin ?
Du 12 juin au 12 septembre, nous présentons une dizaine de créateurs aux pratiques diverses. Dentelle de métal, sculpture céramique, papier magnifié, bois tourné, verre soufflé… Une nouvelle mise en scène et plusieurs pièces inédites sont à découvrir. Parmi les propositions sélectionnées : Denis Castaing et son attrait pour les surfaces découpées, la géométrie, perceptibles dans ses pièces architecturales, Pascale Klingelschmitt et sa quête autour des organismes vivants, le travail physique de la terre par Jane Norbury, donnant lieu à des pièces aux ondulations et contorsions surprenantes, les personnages mystiques et imaginaires de Bertrand Secret ou encore les jeux de volumes et nuances de couleurs des panneaux en papier hypnotisant de Ferri Garcès.
Face à cette multiplicité, quels sont les plus grands défis dans la mise en place de vos expositions ?
L’enjeu est de réussir à faire dialoguer harmonieusement des savoir-faire, des univers artistiques et matériaux très différents au sein d’un même lieu.
L’architecture de la galerie aide en ce sens grâce à une structure qui est développée sur deux niveaux. Ces volumes permettent de mettre en valeur le travail des artistes ayant une pratique multiforme, que nous pouvons choisir de mixer ou de séparer selon les cas.
Qui sont les collectionneurs qui se rendent chez Collection ?
Le profil de nos collectionneurs est assez varié, de l’amateur de céramique française au collectionneur d’art contemporain New Yorkais.
En parlant de cela, la galerie est-elle active dans le marché international ? À travers quelles manifestations ?
Chaque année, nous participons à plusieurs salons, foires et expositions-vente à l’étranger. Nous choisissons des événements aux positionnements différents afin de nous placer sur les marchés asiatique, américain et européen.
En 2017, la galerie a présenté des pièces de créateurs à Chicago et Miami. Cette première expérience à Miami nous a permis de saisir l’importance du contexte, dans une ville regorgeant de foires, rendez-vous des collectionneurs d’art internationaux.
Nous participons régulièrement au salon Collect à Londres à la Saatchi Gallery, évènement incontournable pour le marché des métiers d’art contemporains.
En Asie, nous avons noué un partenariat avec Sokyo Gallery, basée à Kyoto. En octobre prochain, plusieurs de nos créateurs y seront présents. Pour la première fois, nous sommes allés à Bangkok en mars, expérience intéressante qui nous permis de découvrir le marché de l’art de l’Asie du sud-est. D’autres partenariats pourraient se dessiner à l’avenir sur ce marché porteur.
A votre avis, quelles sont les rendez-vous les plus importants pour le public et les passionnés des métiers d’art aujourd’hui ?
En France, je peux citer sans doute Révélations, la Biennale internationale des métiers d’art et de la création contemporaine, organisée par Ateliers d’Art de France sous la nef du Grand Palais. Révélations porte un regard nouveau sur la création contemporaine. La biennale place près de 400 créateurs au centre de l’événement et invite au dialogue les métiers d’art et de création contemporaine du monde entier.
Ensuite, le salon Collect à Londres reste l’une des manifestations les plus intéressantes en termes de qualité de pièces et de galeries sélectionnées. Pour les passionnés de la céramique, il ne faut pas oublier Les journées de la céramique à Saint-Sulpice – organisées le premier week-end de juillet – et le salon Céramique14, très qualitatifs.
Quel métier d’art est selon vous encore sous-estimé ?Je remarque que le domaine du bijou contemporain manque encore de visibilité car il n’est pas totalement compris par le public. Le deuxième secteur dévalorisé concerne les artistes du textile, au-delà de l’accessoire de mode.
Ces deux secteurs restent, à mon avis, encore méconnus, contrairement à d’autres domaines comme la céramique, le bois, le verre, le métal et le papier qui a déjà sa Triennale à Charmey.
Au cours de ces années quels sont les changements plus remarquables qui ont touché le secteur des métiers d’art ? Comment ces changements ont influencé l’activité de la galerie ?L’action d’Ateliers d’Art de France menée auprès des pouvoirs publics a permis d’obtenir des avancées législatives historiques pour le secteur des métiers d’art. La première fut la loi Artisanat, commerce et très petites entreprises (ACTPE) du 18 juin 2014 qui, pour la première fois, définit les métiers d’art dans son article 20. Enfin reconnus en tant que secteur économique à part entière, leur caractère artistique jusqu’alors absent des définitions officielles est désormais consacré.
Le regard du grand public sur les métiers d’art évolue également. Désormais, nos visiteurs reconnaissent les pièces exposées comme le résultat d’un savoir-faire, d’une technique spécifique et d’une démarche forte que l’artiste-créateur veut dévoiler.
Malgré nos efforts et cette nouvelle sensibilité, beaucoup reste cependant encore à faire pour la valorisation des secteurs de la création.
Après ces 12 années d’activité quelles sont vos perspectives pour la galerie ?
Nous continuerons encore et toujours à promouvoir la création contemporaine des métiers d’art sous toutes ses formes et son développement sur les marchés français et internationaux, en mettant en valeur une diversité de démarches et en pariant aussi sur des créateurs en début de carrière.
Interview réalisée dans le cadre des Jeudis Arty
14 juin 2018.